Puisque ce parti n’a pas l’air pressé de présenter son bilan de cinq ans de gouvernement, une petite visite du site très officiel de l’Insee.
Contrairement à ses annonces initiales, l’UMP n’a pas baissé les impôts. Le taux de prélèvements obligatoires est passé de 2002 à 2005 de 43,1% à 44% du PIB. Si l’on retranche le budget de la Sécurité sociale, cela correspond à une augmentation de 21,7% à 22,9% (source Insee).
Contrairement à son discours récurrent portant sur la nécessité de baisser la dette publique, l’UMP l’aura significativement augmentée. La dette publique globale française, au sens du traité de Maastricht, qui n’avait augmenté que de 5% de 1997 et 2001 en monnaie courante, a augmenté de 30% de 2001 à 2005 (source Insee). Le déficit budgétaire courant, qui était redescendu vers 20 G€ entre 1999 et 2001, oscille entre 45 et 60 G€ depuis 2002. C’est d’autant plus gênant que cela a correspondu à une période de forts résultats, exceptionnels, comme la soulte provenant de la privatisation de EDF, la privatisation des concessions autoroutières, et autres artifices comptables.
Tout cela a-t-il permis d’améliorer l’économie, l’emploi ou la compétitivité ?
La croissance a flanché. Le taux de croissance du PIB, qui était monté de 2% à 4% en volume de 1997 à 2001, est redescendu à 1,5% aujourd’hui (source Insee).
La compétitivité n’a pas non plus dû s’améliorer, puisque le solde du commerce extérieur se dégrade continûment de +8 G€ en 2002 à - 24 G€ en 2005 (source Insee) et -29G€ en 2006. L’investissement des entreprises, qui augmentait jusqu’en 2001, diminue depuis 2002 (source Insee).
L’emploi a suivi. Le taux BIT de chômage qui était descendu de 1997 à 2001 de 12% à 8% est reparti à la hausse depuis 2002 pour atteindre 10% en 2005 puis redescendre maintenant vers 9% (source Insee, mais voir par exemple ce joli dessin). L’art et la manière ont été sur ce sujet sensible très révélateurs. Au nom de la lutte contre « l’assistanat » et de la « valeur travail », la première mesure prise a été la suppression des « emplois-jeunes », qui aura concerné 470 000 personnes, avec une efficacité finale reconnue en termes d’insertion. Cela a contribué à la rapide remontée du chômage à 10%, qui a créé de tels remous que l’UMP a rapidement dû se résoudre à réintroduire un mécanisme équivalent. Mais cela n’a pu techniquement être fait qu’en 2005. En 2006, 210 000 nouveaux contrats avaient été signés, mais à 33% du Smic, contre au moins 80% pour les emplois-jeunes. Et le financement du plan Borloo ayant été insuffisant, il a connu moults retards de paiement (voir également cet article AgoraVox sur l’extraordinaire non-financement général du plan Borloo).
Ce dernier point en particulier est caractéristique de l’échec de la politique de l’offre, que préconise pourtant toujours l’UMP, tout en étant en pratique revenue à une stimulation de la demande. Malgré les critiques sur l’impossibilité d’augmenter le Smic, M Borloo publie ceci sur son site :
« Au 1er juillet 2005 (...) en trois ans, le pouvoir d’achat du Smic aura augmenté de 11,4 %, soit la plus forte augmentation depuis vingt ans. »
Mais en réalité, il appert que les salaires n’évoluent plus en monnaie constante depuis 2002 (source Insee). Par contre, selon la comptabilité nationale de l’Insee, les revenus distribués des sociétés (rubrique D42) sont passés, relativement aux traitements et salaires (rubrique D11) de 24,8% à 28,3% de 2001 à 2005. Il suffit d’ailleurs de regarder les bénéfices exceptionnels des entreprises du Cac 40, surtout pétrolières et financières.
Résumé : en cinq ans, l’UMP a laissé à peu près inchangés les salaires, mais a diminué l’investissement, le solde commercial, la croissance, et a augmenté les impôts, le déficit courant, la dette, le chômage, et les bénéfices des entreprises.