La Banque centrale européenne a mis mardi un montant massif d'argent pas cher à la disposition des banques de la zone euro pour rétablir un semblant d'ordre et de confiance sur les marchés monétaires minés par la crise du subprime.
La BCE avait promis la veille aux établissements un montant illimité de liquidités, et ces derniers ne s'en sont pas privés: 348,6 milliards d'euros à un taux de 4,21% -inférieur aux niveaux pratiqués actuellement sur le marché monétaire- ont été prêtés (alloués) mardi.
La Banque centrale réalise toutes les semaines une opération de refinancement pour les banques de la zone euro, destinée à les approvisionner en liquidités pour remplir leurs réserves minimum.
Elles sont obligées de mettre cet argent de côté -qui n'est ni investi, ni prêté- et disposent ainsi d'un coussin de sécurité en cas de crise majeure, ce qui contribue à la stabilité du système bancaire de la zone euro.
La BCE a évalué le montant nécessaire pour remplir les réserves à 180,5 milliards, mais a alloué quelque 168 milliards de plus. Un montant massif, qui intervient seulement quelques jours après l'annonce d'une vaste action concertée de soutien aux marchés impliquant, outre la BCE, la Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale suisse.
De quoi se poser des questions sur la santé des banques, que la BCE estime peut-être plus mauvaises que redouté.
Cela fait monter les inquiétudes sur le fait que les choses vont particulièrement mal dans la zone euro. On peut avoir le sentiment que l'exposition des banques européennes à la crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis est significative.
"C'est simplement une question d'aider les banques sur cette période de fin d'année qui est toujours tendue, mais cette année particulièrement", a précisé un porte-parole de la BCE.
Les banques bouclent leurs comptes en fin d'année, et veulent présenter à leurs actionnaires le meilleur bilan possible.
"Le marché monétaire ne fonctionne pas normalement (...) le besoin en liquidités est plus grand qu'habituellement", souligne-t-il.
BCE et économistes espèrent un retour à la normale au début de l'an prochain, quand les établissements de crédits auront publié leurs comptes de l'année écoulée, qui devraient donner une idée précise de l'étendue des dégâts.
"Nous avons besoin de plus de transparence", insiste le porte-parole de la BCE.
Car les soubresauts actuels sur le marché sont avant tout liés à l'ignorance. Comme les banques ne savent pas à quel point leurs consoeurs sont affectées par la crise du subprime, elles rechignent à se prêter entre elles et préfèrent parquer les liquidités qu'elles détiennent. D'où la montée des taux sur le marché monétaire, largement au dessus du taux minimum de la BCE actuellement à 4%, car le crédit se fait plus rare.
La BCE a choisi très tôt, peu après le plongeon des marchés mondiaux en août, d'injecter des liquidités afin de faire comprendre aux banques qu'elles pourront toujours se refinancer à des conditions favorables, et les aider ainsi à retrouver confiance. Jusqu'ici sans succès durable.
Jusqu'à quand va-t-elle continuer? Nous "ne sommes pas en mesure de dire quand" la situation va s'améliorer, reconnaît le porte-parole. Et pour ce qui est des mesures d'aide aux marchés, la BCE ne s'est fixé "aucune limite dans le temps".