Dix mille personnes manifestent à Toulouse contre le plan Airbus. Près de 85 % des employés d'Airbus France et sous-traitants, selon la direction, et 83 % des salariés de la production, selon la CGT, étaient en grève mardi, à Toulouse, pour protester contre le plan de restructuration "Power 8".
Le plan "Power 8" prévoit notamment la suppression de 10 000 emplois en quatre ans en Europe, dont la moitié parmi les salariés intérimaires et les sous-traitants. Quelque 4 300 emplois disparaîtront en France (sur 22 000), 3 700 en Allemagne, 1 600 en Grande-Bretagne et 400 en Espagne.
Face à la valse-hésitation du gouvernement, du candidat sortant et de François Bayrou sur la crise d'Airbus, Ségolène Royal a rencontré les représentants des salariés dès le 3 mars, à Pau et a fait des propositions concrètes. De plus, cette journée d'action des salariés français coïncide avec une rencontre à Berlin entre la chancelière Angela Merkel et Ségolène Royal prévue en début d'après-midi. Ségolène a ce matin présenté un plan d'actions :
- L'Etat doit augmenter sa participation au capital de l'entreprise et agir pour obtenir la stabilisation de l'actionnariat privé.
- L'Etat doit apporter des aides à la recherche-développement, nécessaires pour qu'Airbus puisse développer ses programmes avec des moyens de même ampleur que ses concurrents.
- L'Etat doit mettre en place un plan de soutien à la sous-traitance, qui est durement touchée par la restructuration annoncée.
- L'Etat doit prendre les dispositions juridiques pour autoriser les régions à entrer au capital de l'entreprise.
Airbus ne souffre pas d'un effondrement de ses commandes ou d'un manque de compétitivité. Airbus a des projets (A 380, A 350) mais sera amené à les financer et à rattraper ses retards. L'Etat, et les Régions françaises doivent y prendre part, doit agir pour relever les défis stratégiques de l'aéronautique européenne et plus généralement il est nécessaire de construire une politique industrielle volontariste à l'échelle européenne. La logique de développement doit remplacer la logique financière.
Suite aux pression de l'opinion public, un consensus a semblé s'esquisser entre Mme Royal, François Bayrou et Nicolas Sarkozy sur une possible augmentation du rôle de l'Etat auprès de l'avionneur européen, après les déclarations du premier ministre, Dominique de Villepin, selon lequel l'Etat est "prêt à participer, avec les autres actionnaires, à toute augmentation de capital qui sera jugée nécessaire par l'entreprise". Belle conversion tardive de la droite à l'idée d'une montée en puissance de l'État dans le capital d'Airbus, alors que Nicolas Sarkozy y était hostile il y a encore deux jours.