Interrogation

Je m'interroge. Je m'interroge sur la légitimité d’un projet de réforme consistant à reverser au dixième – et, plus particulièrement, aux trois centièmes – le plus riche de la population l’essentiel des cadeaux fiscaux si généreusement distribués.

Je m'interroge quand le gouvernement décide la suppression de facto de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), la réduction de l’impôt sur les successions et donations, la réforme du barème de l’impôt sur le revenu (votée, il est vrai, en 2006, mais applicable depuis 2007), soit une grosse dizaine de milliards d’euros – qui bénéficiera pour quatre cinquièmes au moins aux 5 % des contribuables les plus aisés.

Quand on sait que c'est même contribuable dispose déjà de 120 milliards de revenu net après impôt (chiffres Insee 2004, actualisés 2007), la réforme va donc accroître leurs revenus de 8 milliards d’euros, soit de l’ordre de 7 %.

A l’autre bout de l’échelle, les 5 % les plus pauvres, eux, ont un revenu net de… 9 milliards. Dit autrement : la réforme fiscale va permettre aux plus riches d’accroître leurs revenus d’un montant équivalent au total de ce que les plus pauvres ont pour subsister.

Une politique keynésienne.

On croirait rêvé!!!
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : comme il est impossible de réduire la dépense publique de 11 milliards (16 en comptant les détaxations d’heures sup et la déductibilité partielle des intérêts d’emprunts immobiliers), le paquet fiscal de notre président revient à donner du pouvoir d’achat (aux riches, certes, mais du pouvoir d’achat quand même) en creusant le trou du déficit public. Du pur keynésianisme, comme on n’en a pas vu depuis longtemps.

Tout ça pour rétablir la confiance? Caressez les riches dans le sens du poil, les pauvres finiront bien par en profiter : tel est le sens du mot confiance dans le langage libéral!!!

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