Les députés, qui sont et qui seront élu les 17 juin vont prêter le flanc à la critique : non représentatifs politiquement et non représentatifs sociologiquement de la diversité française.
La terrible vague bleue est en train d'arriver, une terrible bérézina pour la gauche. Mais si le score de la droite n'est pas à remettre en cause, quelle est ce système qui permet de rafler entre les 2/3 et les 3/4 d'une assemblé avec seulement 42% des voies?
Second problème, l'Assemblée ne reflète pas du tout de la sociologie française. Le scrutin d'arrondissement favorise les figures locales. Chaqu'un est élu pour défendre sa circonscription ("je me battrais pour votre pont ou notre autoroute") alors que nous avons besoins de décision pour la France. Conjugué au cumul des mandats, il freine le renouvellement politique et la diversité. L'Assemblée sortante est monocolore, de droite, masculine à 87 %, vieillissante (58 ans et 6 mois). Elle est dominée par les fonctionnaires ou les enseignants (153) et les professions libérales (117), certains de retrouver leur activité professionnelle s'ils quittent la vie politique. Elle ne comporte que 3 ouvriers et 29 employés. Quant aux minorités "visibles", elles sont invisibles. La prochaine risque fortement de ne pas être différente.
On peut notter que cette fois ci le PS présente 45,5 % de candidates féminines contre 26,5 % à l'UMP. Mais combien d'entre elle sont dans des circonscription "gagnable" (pour l'UMP comme pour le PS)?
Une partie de l'assemblé doit absolument être élue à la proportionnelle. Et ne nous limitons pas à "une dose de proportionnelle" qui représente l'engagement le plus minuscule possible! Elisons 40 ou 50% de nos députés à la proportionnelle et le reste dans un système classique. Ou élisons les 100% avec un système de prime au gagnant pour assurer une majorité viable.
Le premier système à l'avantage de garder un contact locale avec les élus, le deuxième d'assurer une parfaite parité et un plus grand contrôle de la "mixité".
La proportionnelle est accusée de favoriser l'émiettement politique. Pourtant, rien de tel ne s'est passé en Allemagne, tandis que le scrutin majoritaire n'a évité ni l'émiettement ni la montée des extrêmes en France. Quand on voit que c'est le premier tour de la présidentielle qui joue le rôle de scrutin proportionnel, servant de défouloir aux Français (même si cette fois si le "vote utile" à limité ce risque). En insérant la proportionnelle on peut même compliquer les règles d'accession à la présidentielle (ex obtenir 2000 signatures) et on affirmera par la même que l'éléction présidentielle sert à élire un président!
Quand nous sommes revenus au pouvoir en 1997 grâce aux triangulaires avec le FN, nous avons cru pouvoir échapper à la remise à plat programmatique que réalisaient nos voisins Tony Blair et Gerhard Schröder (attention, je ne dis pas du tout que l'on doit arriver aux mêmes conclusions). On a continué à s'appuyer sur un PC qui ne pésent rien, ni en terme idéologique ni en terme de voix. Et on force les verts, qui représente une grande force d'opinion, à mendier leurs quelques sièges!
Nicolas Sarkozy pratique une ouverture de façade, mais la diversité politique ne peut être soumise à son bon-vouloir. La création d'un groupe en liberté surveillée constitué d'ex-UDF ne suffira pas! Le scrutin majoritaire, qui concentre les députés sur l'UMP et le PS, n'est pas adapté à une France diverse, dont l'histoire montre qu'elle est trop complexe pour se fondre dans un trop simple bipartisme.