Au cours de sa campagne, le candidat centriste n'a cessé de vanter l'exemple allemand où droite et gauche gouvernent ensemble. Voici pourquoi importer ce modèle en France serait dangereux.
Ceux qui ont voté social-démocrate en Allemagne n'ont jamais souhaité cette alliance, pas davantage que ceux qui avaient voté CDU. Les peuples sont étrangers à cette alliance. Ses seuls responsables appartiennent aux appareils respectifs de la CDU et du SPD. La grande coalition procède d'un accord négocié au cours de longues nuits, au terme d'un marchandage de postes et d'attributions. Là où le président de l'UDF voit la volonté des peuples de dépasser le clivage droite-gauche, il n'y a, en réalité, qu'un traditionnel jeu de donnant-donnant entre deux partis rivaux pour sortir d'une impasse politique et institutionnelle. Le 14 février, le magazine Stern publiait d'ailleurs le verdict du peuple allemand : 57 % des sondés ne sont pas satisfaits du travail de leur gouvernement.
La Grande coalition se fissure de partout dès lors qu'il s'agit de faire des choix d'avenir. Citons simplement les incidents de ces dernières semaines : le SPD (gauche) a été le seul à dénoncer les plans américains de bouclier antimissile au milieu du mois de mars, provoquant la colère de leurs alliés de la CDU-CSU (droite) ; le SPD, la semaine dernière, à annoncé son intention d'instituer un salaire minimum, ce à quoi la droite est opposée ; pendant le week-end pascal, le ministre CSU de l'économie a annoncé des baisses d'impôts et notamment de la fiscalité sur les entreprises, provoquant les protestations de la gauche du SPD ; Le SPD commencerait à constituer une alliance avec les Verts et les Libéraux, semblant ainsi se préparer à faire exploser la grande coalition qui empêche toute prise de décision.
En prenant l'Allemagne comme exemple de la politique d'union nationale que le candidat du centre prétend incarner, celui-ci se tire une balle dans le pied et démontre tout simplement l'ineptie de ce modèle de gouvernement.
Il existe des différences réelles et profondes entre la droite et la gauche, qu'il est inutile de vouloir gommer : sur la politique fiscale, le temps de travail, l'immigration ou la politique de sécurité, la droite et la gauche proposent deux lectures de la société différentes. Leurs projets sont incompatibles, et c'est d'ailleurs pour que chaque citoyen puisse choisir entre ces deux visions que les élections ont été inventées !