Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est sur le point d'effectuer une accélération foudroyante dans sa capacité de calcul. Il sera bientôt équipé d'une plate-forme de calcul intensif de 207 téraflops, c'est-à-dire capable d'exécuter 207 millions de millions d'opérations à la seconde.
Le CNRS, qui disposait jusqu'ici d'une puissance de calcul de 6,7 téraflops, se hisse ainsi au troisième rang mondial – hors calculateurs militaires –, derrière le département à l'énergie (DOE) américain (596 téraflops) et le Forschungzentrum Jülich allemand (222 téraflops).
Les domaines scientifiques faisant appel aux calculs de haute performance sont en effet multiples. En climatologie, la modélisation fine du réchauffement, de son impact sur les écosystèmes, de la probabilité d'événements extrêmes ou du comportement des puits de carbone nécessite de multiplier par un facteur de 10 à 1000 les capacités de calcul actuelles.
En chimie, un gain d'un facteur 100 est indispensable pour mieux analyser la combustion dans l'air des hydrocarbures, mettant en jeu plusieurs centaines de composés et plusieurs milliers de réactions. Il en va de même en biologie et en pharmacologie, pour l'étude de la structure des protéines, des interactions protéine-ligand et des réactions enzymologiques qui sont la clé de la fabrication des médicaments.
L'océanographie, pour la compréhension de la variabilité de l'océan et de ses interactions avec l'atmosphère, ou les sciences de la Terre, pour la connaissance de la dynamique interne du globe et des phénomènes sismiques, exigent elles aussi des moyens de calcul démultipliés.
C'est également le cas de l'astrophysique, pour la simulation de la formation des étoiles et des galaxies, ou de la physique fondamentale, pour l'exploitation de la gigantesque masse de données livrées par les accélérateurs de particules comme le Large Hadron Collider du CERN.
Installé au centre national de calcul du CNRS – l'Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris) –, à Orsay, le nouveau supercalculateur représente un investissement d'environ 25 millions d'euros, dont 5 millions seraient réservés à la maintenance de la machine. Celle-ci sera, précise l'organisme, "ouverte à tous les chercheurs, du secteur public ou des entreprises".
Mais la course est loin d'être terminée. Déjà se profilent les systèmes de calcul de la prochaine génération, celle des petaflops, ou millions de milliards d'opérations à la seconde.