Analyse des résultats des élections municipales et cantonales par Pascal Cherki, adjoint au Maire de Paris et coordinateur national au sein du courant NPS.
La droite a subi une défaite nationale de très grande ampleur.
Toulouse, Strasbourg, Reims, Saint-Étienne, Reims, Dax, Poitiers, Caen, Blois, Amiens, etc. la droite perd un nombre impressionnant de grandes et de moyennes villes. En outre, la gauche accroît son avance dans de très nombreuses villes qu’elle dirigeait déjà. Ainsi à Paris, elle réalise plus de 57% atteignant même prés de 70% dans certains arrondissements à l’instar des bastions de la banlieue rouge au temps du communisme municipal triomphant. Cette victoire se traduit également par la conquête de plusieurs départements. Cette victoire a une signification nationale évidente, celle d’une sanction de très grande ampleur contre la droite, son président de la république et la politique de son gouvernement. Ceci se lit dans le vote des classes populaires qui ont majoritairement voté à gauche. La synthèse bonapartiste tentée par Nicolas Sarkozy a vécu. Une fois encore les français ont démontré leur rejet d’une politique libérale et ceci témoigne que c’est uniquement par nos propres faiblesses que nous avions perdu l’élection présidentielle de 2007.
La baudruche Modem s’est dégonflée.
Défaite de François Bayrou à Pau, disparition des élus Modem à Paris etc. le Modem apparaît pour ce qu’il est une baudruche politique artificiellement gonflée par des médias complaisants et quelques ludions de notre propre formation politique. Dans cette élection, le Modem a fait la preuve de son inutilité politique mis à part quelques rares endroits où son maintien a contribué à faire perdre tel ou tel candidat. Dans un pays marqué plus que jamais par la très forte bipolarisation entre la gauche et la droite, la place d’un centre autonome n’existe pas et n’existera jamais. Dès lors il serait bienvenu que l’ensemble des socialistes arrête de lorgner vers un centre introuvable qui, pour parodier Mitterrand n’est « ni de gauche, ni de gauche » et de se concentrer sur l’essentiel : rassembler la gauche autour d’une orientation et d’une dynamique à même de nous faire gagner en 2012. Or, notre électorat penche plus que jamais à gauche. L’extrême gauche réalise de bons scores traduisant une radicalisation d’une partie de notre électorat en raison de la dégradation de la situation économique et sociale dans notre pays.
Un vote sanction à convertir en vote d’adhésion.
L’ampleur de la défaite de la droite traduit l’ampleur du mécontentement du pays à son égard, à l’instar de ce qui s’était passé aux régionales de 2003 et aux européennes de 2004. Pour autant ce vote ne traduit pas une adhésion à un projet politique que les socialistes doivent construire ensemble. Pour y parvenir il faut commencer par tirer les bonnes leçons de ce scrutin en commençant par refermer la parenthèse inutile de la tentation d’alliance au centre, puis de s’atteler à une opposition sans concession à la droite et, enfin, de donner un débouché politique cohérent à la volonté de sortir de l’impasse libérale en France, comme en Europe. Espérons que ce sont ces leçons que nous retiendrons et que nous éviterons de retomber dans notre vieux travers, celui de la bataille du leadership où la surenchère des egos tient lieu de substitut mortifère à la détermination d’une ligne politique efficiente.