Les socialistes tentent de clarifier leur rapport au marché. Ils se sont prononcés samedi "pour une économie de marché écologique et sociale" lors de leur deuxième "forum de la rénovation" destiné à jeter les bases d'un renouvellement de leur projet après leur défaite du printemps dernier.
C'est un vieux débat que le PS a repris lors de ce forum express de trois heures, aux échanges plutôt convenus. (..) Malgré leur expérience du pouvoir depuis 1981, les socialistes n'ont jamais assumé clairement leur acceptation du capitalisme, à la différence des autres partis sociaux-démocrates européens.
Résultat, "les socialistes donnent encore parfois le sentiment d'un malaise et d'une acceptation par défaut seulement des réalités du marché", peut-on lire dans le rapport du député européen Harlem Désir qui a servi de base aux débats.
Ce texte de 35 pages esquisse une révision doctrinale pour "clarifier" la conception socialiste du marché face aux réalités nouvelles de la mondialisation, mais reste dans le flou sur les propositions.
Face à la "domination de la sphère financière" et à la "politique néo-conservatrice" de Nicolas Sarkozy, les socialistes proposent de "réguler" le capitalisme pour "faire rentrer le fleuve dans son lit".
"L'économie de marché, nous l'acceptons, mais nous ne la confondons pas avec le capitalisme et ses évolutions", a résumé François Hollande.
Le rapport préconise une approche "pragmatique" de la régulation de l'économie. "La place du marché et celle de la maîtrise publique doivent pouvoir aller selon les cas et les objectifs poursuivis de 0 à 100%", est-il écrit sans plus de précisions.
Cette position consensuelle destinée à concilier aile gauche et sociaux-démocrates a été jugée insuffisante par certains. "Il faut aller jusqu'au bout du sujet", a estimé Michel Rocard. L'ancien Premier ministre a dénoncé "l'escroquerie intellectuelle" de ceux qui, à droite, se présentent comme "les meilleurs défenseurs des libertés". "Les vrais libéraux, c'est nous", a-t-il lancé, toujours iconoclaste.
Consensus mou? Trois clivages essentiels qui traversent le PS, sur le rôle de l'Etat et la fiscalité, le libre-échange et l'Europe, ont été éludés du forum de samedi.
"Le débat ne va pas s'arrêter aujourd'hui, il va se poursuivre", a promis François Hollande. Les "forums de la rénovation" sont en effet destinés à préparer le congrès que le PS tiendra après les élections municipales de 2008, et le projet de 2012.
Reste que ce travail de réflexion se fait en ordre dispersé, dans les clubs et associations fondés par les présidentiables, ou par les "rénovateurs". "Le PS, c'est le seul instrument politique possible pour permettre l'alternance dans notre pays", a rétorqué le Premier secrétaire.