Nous avons vu la dernière fois qu'il existe différents types d'allèle. Voyons quelques exemples!
Le prototype de l’allèle nul est la délétion du gène. Mais des mutations ponctuelles peuvent également être amorphes si elles abolissent la fonction du produit. Par exemple :
- celles qui détruisent un site actif par changement d’un acide aminé crucial (site catalytique, ou de fixation d'un cofacteur indispensable, ou site de reconnaissance d'un motif ADN, s'il s'agit d'une protéine affine de l'ADN) ,
- celles qui introduisent un codon stop et tronquent la protéine,
- celles qui correspondent à l’insertion d'un transposon dans un exon codant,
- celles qui introduisent un décalage du cadre de lecture très précocement dans la séquence,
- celles qui détruisent un site d’épissage,
- ou bien celles qui affectent drastiquement l'expression par exemple en détruisant une région promotrice : plus d'ARNmessager.
De manière générale lorsqu'on surexprime un gène sauvage, on reproduit l'effet d'un allèle hypermorphe. Cela peut se faire artificiellement :
- soit en insérant le gène sauvage sur un plasmide multicopie, avec lequel on transforme bactéries ou levure, ou on transfecte des cellules eucaryotes en culture.
- soit par transgénèse en le mettant le gène sauvage sous le contrôle d'un promoteur fort, comme un promoteur de choc thermique par exemple.
Généralement les protéines composé de plusieurs sous unités peuvent obtenir un phénotype antimorphe en cas de mutation. Ce genre d’allèle est appelé antimorphe parce que le produit muté antagonise le produit sauvage en le séquestrant dans des complexes inactifs. On le nomme aussi, de façon équivalente dominant négatif, ce qui reflète le fait que la fonction du produit est perdue mais que l’effet phénotypique est dominant car le produit muté à gagné une autre fonction qui est de perturber le fonctionnement normal du produit sauvage. De manière générale chaque fois qu’une molécule protéique agit sous forme di- ou polymérique, on peut voir apparaître des effets antimorphes.
Un changement de spécificité d'une protéine constitue un bon exemple d'une mutation néomorphe. C'est par exemple le cas déjà cité d'une mutation dans la lactose perméase qui fait qu'elle devient capable de transporter le maltose. Une mutation dans la séquence promotrice du gène peut aussi provoquer son expression dans une autre partie du corps (2 paires d'ailes chez la mouche).