Barack Obama a fumé de l’herbe et pris de la coke quand il était jeune. Non, ce n’est pas un scoop, l’information vient de lui. Obama l’a raconté dans ses mémoires "Les Rêves de mon père", le livre qu’il a écrit en sortant d’Harvard. "Junkie, fumeur de cône. C’est le chemin que je prenais…", raconte-t-il notamment. Il en reparle plus loin: "L’herbe m’avait aidé, et l’alcool, peut-être un petit sniff quand vous en aviez les moyens, mais jamais d’héroïne."
Par Guillemette Faure (Rue89)
Certes, en écrivant ses souvenirs en 1995, Obama ne se doutait sans doute pas encore qu’il se présenterait un jour aux présidentielles. Le sujet est arrivé sournoisement dans la campagne. Plutôt que de traiter Obama de drogué, le camp de sa rivale Hillary Clinton laisse entendre que s'il devenait le candidat du parti des démocrates, les républicains en feraient deux bouchées en rappelant ses écarts de jeunesse.
"C’était quand la dernière fois? Vous en avez déjà vendu?"
Bill Shaheen, le président de la campagne d’Hillary Clinton dans le New Hampshire (deuxième état à voter), a expliqué mercredi au Washington Post que face à un Obama candidat, les républicains le mettraient dans l’embarras en lui posant des questions comme "c’était quand la dernière fois? Vous avez déjà donné de la drogue à quelqu’un? Vous en avez déjà vendu?"
Les quartiers généraux d’Hillary Clinton ont pris l'air désolé, assurant que les remarques avaient été faites sans leur autorisation. Shaheen a démissionné, reconnaissant avoir fait "une erreur".
Mais de l’avis des supporters d’Obama, les excuses sonnent faux. Preuve en est l’intervention de Mark Penn, le stratège d’Hillary Clinton sur la chaîne MSNBC: "la campagne ne veut pas soulever les questions liées à la consommation de cocaïne", (ce qui, note ABCNews, semble presque aussi candide que si le camp Obama disait "les difficultés matrimoniales des Clinton ne sont pas un sujet dont nous voulons parler").
Même s’il s’est excusé ensuite, Shaheen a déjà réussi à insinuer qu’Obama avait peut-être déjà vendu de la drogue. (Sur son blog, Maria-Pia Mascaro s'interroge sur le timing de ces questions sur Obama et la drogue.)
Quel impact sur la campagne présidentielle?
La consommation de drogue passée des candidats doit-elle être un sujet de la campagne? Certains diront que ce que les candidats font chez eux, voire ont fait quand ils étaient jeunes, ne regardent qu’eux.
Des rumeurs de consommation de cocaïne par George Bush circulaient pendant sa campagne de 2000. Il avait réussi à faire enterrer le sujet d'un "quand j’étais jeune et irresponsable, j’étais jeune et irresponsable". Un bottage en touche qui a fait grincer ceux qui s’inquiétaient de la dureté des peines de prison planchers au Texas -l’état dont il était gouverneur- pour ceux qui s’y font arrêter pour possession de drogue.
Les réponses que font les candidats sur le sujet en disent aussi long sur leur personnalité. En 1992, Bill Clinton avait admis avoir déjà fumé de la marijuana pendant ses années d’études à Oxford en Grande-Bretagne : "je n’ai pas aimé ça, je n’ai pas avalé la fumée et je n’ai pas recommencé", une réponse révélatrice de sa relation à la vérité. (Une dizaine d'années plus tard, à la même question, le maire de New York Michael Bloomberg répondait "évidemment que je l’ai fait et j’ai aimé ça" -you bet I did and I enjoyed it- mais l’électeur de New York est probablement plus indulgent...)
Obama a déjà sa stragégie de défense toute prête
Barack Obama, qui devait se douter que la question surgirait, avait pris les devants. Le mois dernier dans le New Hampshire, il disait à un groupe de lycéens qu’il n'avait pas toujours pris "les bonnes décisions": jeune, il lui était arrivé de boire ou de prendre de la drogue. Il en a parlé comme d’une "perte de temps"."Ce n’est pas quelque chose dont je suis fier. C’était une erreur de jeunesse".
Quand on lui a rappelé la façon dont Clinton avait répondu ne pas avoir avalé la fumée, Obama a feint l'étonnement: "je n’ai jamais compris cette phrase. L’objectif était justement d’avaler la fumée".