La rédaction du Journal du Dimanche a adressé ce mardi une lettre à Arnaud Lagardère, propriétaire du titre, pour protester contre la censure d'un article concernant Cecilia Sarkozy.
Vraiment fumasses, les journalistes du Journal du dimanche. Mardi, ils ont adressé une lettre à Arnaud Lagardère, propriétaire du titre, pour dénoncer «une censure inacceptable» d’un article sur Cécilia Sarkozy.
C’est la suite de la non-parution, dimanche, d’un scoop du JDD révélant que Cécilia Sarkozy n’a pas voté lors du second tour de l’élection présidentielle.
Une première assemblée générale s’est tenue ce mardi au JDD: face aux journalistes, le directeur de la rédaction, Jacques Espérandieu, a tenté pendant près d’une heure d’expliquer les raisons qui l’ont poussé à ne pas passer l’article.
Dimanche, déjà, Espérandieu déclarait avoir pris «en son âme et conscience», la décision de ne pas publier cette information, jugeant qu’elle relevait de la «sphère privée», et que «le vote est une affaire personnelle.» Et il niait avoir subi des pressions.
A l’issue de cette première assemblée générale, les journalistes du JDD ont décidé d’écrire une lettre à Lagardère.
Selon nos informations, au cours d’une seconde AG, ils ont durci un peu plus le ton de la lettre: cette fois, ils reprochent directement à Lagardère d’avoir appelé Espérandieu afin de faire censurer l’article en question. «Vous êtes intervenu samedi auprès de la direction de la rédaction pour que cet article ne soit pas publié», écrivent les journalistes. «Nous estimons qu’il s’agit là d’une censure inacceptable, contraire à la liberté de la presse. L’ensemble des journalistes du JDD s’indigne de cette pratique d’un autre âge, d’ailleurs largement dénoncée par l’ensemble de notre profession, en France comme à l’étranger».
L’équipe du JDD met clairement en cause les liens entre Lagardère et Sarkozy: «Vos relations privilégiées avec Nicolas Sarkozy ne sauraient nous contraindre à renoncer une nouvelle fois aux exigences de notre métier. La rédaction du JDD, indépendante, revendique le droit de refuser toute subordination qui voudrait la priver de son devoir d’informer». Et les journalistes de conclure: «En l’espace d’un week-end, cette intervention a donné du crédit aux graves accusations portées contre les titres du groupe, soupçonnés d’avoir favorisé la campagne de Nicolas Sarkozy».
Ce n’est en effet pas la première fois que Lagardère fait ainsi plaisir à Nicolas Sarkozy, qu’il décrit comme un «frère». En juin 2006, il a viré Alain Genestar de la direction de Paris Match. Son crime? Avoir publié l’été précédent des photos de Cécilia Sarkozy en compagnie de son amoureux d’alors.
En février 2006, c’est jean-Pierre Elkabbach, patron d’Europe 1, autre fleuron du groupe Lagardère, qui demandait conseil à Nicolas Sarkozy sur le choix d’une journaliste politique chargée de suivre l’UMP.
La lettre des journalistes du JDD à Lagardère s'accompagne d'ailleurs d'une autre missive, signée cette fois de toutes les autres SDJ des titres du groupe Hachette-Lagardère.